Nous nous contentons aujourd’hui des bienfaits du changement technologique. Mais en réalité, il ne fait pas que du bien; il fait aussi du mal. Et il fera beaucoup plus de mal dans l’avenir. Des scientifiques de renom tels que Stephen Hawkings et Elon Musk craignent que les robots seront dangereux pour nous. Leurs alertes n’interpellent pas tout le monde, ou encore on se dit que c’est de l’autre côté que ça va se passer. Non, en miniature, ça a pris forme ici. Voici 3 activités économiques qui sont presque inexistantes au Togo dû à l’innovation technologique.
Les cabines téléphoniques
Je me rendis dans ce village, douze années après l’avoir quitté pour aller poursuivre mes études. Douze ans pendant lesquels beaucoup de choses ont changé. Lorsque j’effectue une petite balade ce soir-là, j’aperçus cette petite case qui servait de cabine téléphonique, le standard de tout le quartier, sinon de tout le village.
En ces temps-là, un jeune venait régulièrement chez mes parents transmettre ce message : « Votre frère qui est à Lomé a appelé, et vous demande de venir l’attendre à la cabine ce soir à 19h. » Et mon père allait ainsi attendre son frère, et donnait une commission à l’émissaire. Lorsqu’un habitant a besoin de joindre ses proches à distance, il se rendit dans la cabine, avec un bout de papier sur lequel était écrit le numéro de téléphone du correspondant. Un coup de fil était facturé à l’impulsion ; l’unité de mesure de la durée de communication. C’est ce qui faisait le business de cette cabine téléphonique.
Ce 4 septembre, depuis l’aéroport international Gnassingbe Eyadéma où je venais d’atterrir, je lançai l’appel pour joindre ma mère quinquagénaire, elle qui n’a pas été à l’école du blanc, mais qui depuis peu appris à décrocher un appel sur son mobile. Du bout du fil, elle m’informa qu’elle est au champ. Elle décrocha donc mon appel depuis ses plantations. Elle était une cliente de cette cabine téléphonique. Son passage au mobile, pendant qu’il résout son problème de disponibilité, a mis fin aux affaires de quelqu’un d’autre. Aujourd’hui, ce business a disparu, cette cabine n’est plus qu’une salle vide, que nul ne visite plus.
Les business centres
Dans les années 2000, lorsque l’outil informatique commençait à se répandre sous nos cieux, savoir saisir dans Word offrait des opportunités aux jeunes. On pouvait être employé pour saisir des documents sur ordinateur. Les étudiants en fin de cycle confiaient la rédaction de leur mémoire à ces opérateurs de saisie qui se chargeaient du travail. Les professionnels qui n’ont aucune notion du numérique leur confiaient la saisie de leurs documents. Mais aujourd’hui, presque chaque individu a un ordinateur portable. Chaque étudiant sait saisir ses propres documents, ou du moins doit savoir le faire. Chaque professionnel saisit lui-même ses documents. Se faire former à l’outil informatique n’est plus un accomplissement. C’est pourquoi nous devons décourager certaines formations singulières de nos jours. On ne peut plus se vanter de cette compétence, mais elle sert plutôt à appuyer d’autres compétences fondamentales.
Les Cyber-cafés
En octobre 2010, je fis la queue devant un cyber situé en face du Lycée du 2 février d’Agbalépédogan pour avoir accès à un poste. La clientèle, en majorité jeune, découvrait et savourait la belle fonctionnalité de discussion instantanée que Facebook venait de lancer. La stratégie était simple : tu appelles ton ami et lui demandes d’aller se connecter au cyber. Et c’est parti pour de longues heures de discussions. On pouvait régulièrement entendre, sur l’un ou l’autre poste de travail du cyber, la sonnerie de notification d’arrivée d’un nouveau message.
Depuis deux mois, j’ai fait l’effort de me contenter de ma mauvaise connexion 3G de Lomé. Mais cette soirée de jeudi, cette connexion se trouvait inefficace pour me permettre de joindre le site d’un client par VPN (Virtual Private Network, Réseau Privé Virtuel). C’est alors que je me souvins de l’usage d’un cyber café. Ils sont toujours moins chers, mais l’innovation les a anéantis, et a mis fin à leur période de gloire. Mais il est difficile d’en trouver dans un entourage proche. Beaucoup ont fermé les portes.
Nos enfants ne connaîtrons probablement pas ces choses. Et ceux qui exercent ces activités n’auront pas à fermer leur cabine parce que l’innovation technologique a révolutionné les habitudes, mais ils devront très tôt lire le futur, voir venir de loin les changements et s’y adapter ou se convertir. C’est alarmant aujourd’hui avec les robots qui commencent à prendre les métiers des hommes, des travailleurs qui se retrouvent au chômage à cause de l’introduction des ordinateurs. Nous devons nous préparer au changement.
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