Lorsque ce matin, debout sur l’esplanade de l’immeuble où je travaille, les regards tournés vers mon ancienne école — pourtant invisible, — j’ai été pris par cette envie de dire quelque chose à mes jeunes frères. Ceux que j’ai laissé, il y a quelques mois, à la suite de ma soutenance. Afin qu’eux, au moins, ils se préparent aux nouvelles donnes, aux nouvelles orientations qui se profilent à l’horizon pour les informaticiens africains. J’écris ce article pour inspirer, pour motiver mes jeunes frères à donner une orientation à leur formation. Ce message est particulièrement destiné au futur informaticien, à l’étudiant de l’Institut Africain d’Informatique de Libreville.
Il y a de cela 20 ans, on avait de la place dans les administrations africaines. La donne a changé. Il faut que l’informaticien se prépare.
Le monde de l’emploi a changé de visage; même de costume. Les entreprises qui jadis venaient chercher des étudiants à l’Institut n’ouvrent même plus nos demandes de stage de fin de formation. En juillet 2014, quand je cherchais le mien, c’était un parcours de combattant. La réalité du monde de l’emploi fait naître le découragement; elle fait place à des idées malsaines telles la traversée de la méditerranée. Heureusement, nous avons, vous (étudiants) avez toujours votre destin en main. Oui, parce que sur les bancs, vous vous construisez. Vous décidez de ce que voulez être. Je ne vous informe pas, vous le savez déjà. Vous avez les outils (que vous ignorez peut-être) pour vous armer contre les difficultés que rencontrent vos aînés. Voici quelques recommandations que je formule à votre endroit.
Focalisez-vous sur ce que vous voulez dans votre futur
Si vous êtes arrivés dans votre école par hasard, il est temps de décider de là où vous serez au sortir de cette école. Trois années de formations en informatique, c’est beaucoup; mais ça passe si vite qu’on ne parvient pas à tout boucler avant échéance. En Afrique, l’informaticien, c’est celui qui connait tout sur l’informatique. C’est un devoir de respecter cette tradition; mais pour votre bien, il vous faut un domaine de prédilection, un coin de l’informatique où vous tenterez de vous rendre intouchable. Que ce soit le Design (l’infographie), l’administration système, le développement, … et bien d’autres domaines, vous devez faire votre choix. Et ce choix déterminera vos centres d’intérêts et orientations académiques. Ceci est un impératif, car bientôt le soleil se lèvera pour la technologie high-level en Afrique; déjà avec les startups qui pilulent un peu partout, les éternels généralistes ne se retrouverons pas.
Formez-vous gratuitement dans votre domaine de prédilection
Vous avez bien identifié votre aspiration et votre centre d’intérêt. Mais je ne serai pas surpris d’apprendre qu’aucun cours n’est diffusé dans votre école pour cette discipline. Oui, c’est possible; c’est même une réalité, qu’il y a des cours dont on ne parle jamais sous nos tropiques : le Big Data, les bases de données NoSQL, Internet of Things (IoT), les réseaux IPv6, …, tels sont certains des thèmes qui ne sont pas encore importées dans nos programmes ici. Heureusement, avec l’allure que prennent les choses, l’internet a apporté le monde à tous. Le web a ouvert la porte du monde. Vous pouvez vous former gratuitement, où que vous soyez et quand vous le voulez. Si des cours offerts par certains géants de la formation en ligne, comme lynda.com de LinkedIn, ont un coût, certaines jeunes pousses, comme OpenClassrooms, Alison, EduLib, …, restent accessibles à tout le monde sous forme de MOOC(Massive Online Open Course). Avec une bonne organisation, un petit bout d’internet dans un lieu calme, vous pouvez grandir en connaissance.
Mettez l’Open Source à profit
Lorsqu’on se met à l’informatique en général, et au développement en particulier, on se demande « comment faire pour réaliser un logiciel comme Bill Gates ? » Vous le savez-bien, Bill Gates, c’est Bill Gates. Vous, c’est bien vous. Ne faites pas des comparaisons qui vous traumatiseront. Au contraire, il y a des icônes qui n’ont pas de nom, qui se donnent à fond pour vous. Ils sont dans le monde de l’open source. En s’aventurant dans ce paysage, vous ne perdez rien. Au contraire, vous pouvez focaliser votre attention sur comment les bonnes pratiques de développement sont mises à contribution pour l’avènement d’un logiciel. De Firefox à Ubuntu, en passant par VLC, plein de projets open source sont à votre portée, et généralement un mentor vous est affecté pour vous accompagner. Si ces projets sus-cités ont une taille énorme, le réseau social par excellence pour les développeurs, GitHub, est accessible, avec ses millions de projets open source. Si vous pouvez chercher une expérience professionnelle pour enrichir votre CV, cherchez aussi l’expérience de la pratique pour enrichir votre portofolio.
Devenez social : il est l’heure
Il est désormais un réflexe d’aller chercher sur Facebook une personne qu’on vient de rencontrer. Il devient aussi une habitude d’aller recruter un employé sur internet, spécialement sur LinkedIn. Et c’est ainsi une obligation pour tous ceux qui veulent une place au soleil d’allouer un espace, et de l’exploiter de la plus utile des manières. En tant qu’informaticiens (en herbe), les réseaux sociaux pour informaticiens existent. Inscrivez-vous sur Quora.com, ou encore sur GitHub.com. Sur les réseaux sociaux ordinaires Google+ et LinkedIn, des groupes de discussions axés sur des plateformes et outils spécifiques peuvent permettre d’accroitre ses connaissances. Sur Twitter et sur Facebook, il existe une pléthore de pages orientées informatique, à l’instar de The Next Web dont les articles ont de quoi intéresser les professionnels du numérique. J’aurai tort d’ignorer Stack Exchange, une communauté dédiée à la cause du partage de connaissance. Et, par dessus tout, vous pouvez (devez) créer votre propre blog (déjà plein d’hébergeurs gratuits sur la toile). Dans le but d’exister, de peur que quelqu’un d’autre prenne votre place, exécutez régulièrement cet algorithme : Codez -> Testez -> Validez -> Bloguez->Tweetez.
Cet article est préalablement écrit sur LinkedIn. Si vous adhérez au contenu, si vous avez une quelconque suggestion à faire, n’hésitez pas à commenter en dessous.