Continent le plus jeune, continent d’avenir, continent du millénaire, … Tels sont les quelques dénominations données à l’Afrique, au vu de la jeunesse de sa population et de l’atout que cette dernière constitue pour elle. Les jeunes forment une proportion considérable, non négligeable, de la population de ce continent. Définie comme étant la tranche d’âge comprise entre quinze et trente-cinq ans, la jeunesse est la période de la vie durant laquelle nous devons mettre en exergue toute notre vigueur, toutes nos capacités et potentialités pour écrire non seulement notre histoire, mais aussi celle du monde. S’il est vrai que la répartition de nos capacités et potentialités ne se fait pas équitablement sur cette période, il faut noter qu’il y a un point culminant où les grandes décisions sont à prendre, lesquelles décisions impactent sur toute notre jeunesse, et par conséquent sur toute notre vie. La vingtaine peut être citée comme cette étape sans précédent de notre vie marquée par plein de tourments. J’étais ce samedi 10 octobre 2015 au Gabon Forum Citoyen (#ForumLibéGabon) organisé par le journal Libération au stade d’Angondjé. J’y étais pour trouver la réponse adéquate à la question : « Avoir 20 ans en Afrique aujourd’hui, qu’est-ce que c’est ? » Mais, par surprise, puisqu’aucun panéliste n’a 20 ans, personne n’a donné une réponse concrète à ma question.
Le sujet du débat (« Avoir vingt ans en Afrique : le continent le plus jeune de la planète entre espoirs et impatience ») donnait une idée de ce que peut ressentir un jeune de vingt ans aujourd’hui. On espère dans l’impatience [d’être maître de son destin]. Mais est-ce vraiment ça ce que je ressens ? Est-ce vraiment ça ce que nous ressentons ? Est-ce vraiment un espoir impatient qui anime ceux qui croient en cette Afrique ?
Une jeunesse dynamique et [presque] consciente
La dynamique de la jeunesse africaine est aujourd’hui une réalité. L’accès d’internet à tous, du moins à la grande majorité, a ouvert les voies à une élite afin de s’exprimer, de se défouler, de décharger sur les réseaux sociaux tout ce qu’elle ressent. Dans les groupes de discussion, des débats, malgré qu’ils débouchent parfois sur des commentaires incontrôlés, font émerger des idées novatrices, preuve que nous ne sommes plus des bénis oui-oui. Mais, ce qui ressort en grande partie, c’est la responsabilité de l’autre dans ce qui se passe ; nous n’affichons pas notre part de responsabilité. Pour avoir régulièrement visité le groupe « Lomé Infos » sur facebook, pour avoir discuté avec mes amis, pour avoir entendu la jeunesse gabonaise s’exprimer – spécialement durant ce débat – sur des faits d’actualité, il est clair que nous avons besoin encore d’effort.
D’une manière standard, avoir vingt ans, c’est avoir obtenu il y a deux ou trois ans son baccalauréat. C’est s’être déjà orienté vers une filière de spécialité. C’est avoir déjà quitté le toit parental ou être sur le point de le faire, … Plein de significations que je me permets d’ignorer.
Un sentiment de responsabilité …
Mais, à mon humble avis, eu égard de la dynamique actuelle des choses, il y a une autre manière d’avoir vingt ans. Celle qui ne consiste pas à posséder une pièce d’état civil indiquant qu’on est né en 1995. Celle qui ne consiste pas à avoir quitté les classes préparatoires pour une grande école. […] Par contre, celle qui consiste à « se sentir [être] responsable de l’avenir de tout un continent où tout est à (re)faire. » Parce que c’est ce qui nous concerne tous. Cette responsabilité consiste à voir ce continent comme un bien commun, que nous devons nous approprier à tout prix; que l’on soit d’un pays ou de l’autre; que l’on soit à l’étranger ou au pays; que l’on soit d’un bord politique ou de l’autre; que l’on soit d’une religion ou de l’autre. Bref, on n’a qu’un seul continent à (re)construire. Et c’est la jeunesse qui a le devoir de le construire. Toute tentative pour se soustraire de cette œuvre est une fuite de responsabilité à bannir.
… mais aussi de vulnérabilité
D’une autre façon, avoir vingt ans peut s’assimiler à une sorte de vulnérabilité. Vulnérabilité à ces mouvements terroristes; vulnérabilité à ses tendances ségrégationnistes et tribales; vulnérabilité à la consommation de l’alcool, du tabac, de la drogue; vulnérabilité aux vents migratoires à tout risque; …
Quiconque ressentira cette responsabilité, quel que soit ce qu’indique sa pièce d’état civil, a vingt ans aujourd’hui. Je salue ici les propos de Mr Amadou Diaw, Président et Fondateur de l’Institut Supérieur de Management de Dakar, qui dit se sentir comme avoir vingt ans parce que depuis vingt ans, avec Didier Acouetey, Président d’Afric Search et son co-paneliste, ils parlent de la même chose à la jeunesse. Ils incitent cette jeunesse africaine à plus de responsabilité, à une prise de conscience.